Saturday, August 15, 2009

Songe...

Des cendres

Envisagez l'âge

Ennui capillaire

A cran

Neïla Serrano
Née en 1986 à Paris.
Vit et travaille à Malakoff.

Neïla Serrano oppose à la mesquinerie universelle le mystère de l'immédiat, le jambon pré-tranché et la bière à 4,8°. C'est dire l'inquiétante modestie de cette fragile bombe humaine : jeunesse triste et manteau rouge, main blessée mais cœur intact – s'il s'agit du cœur qui donne. Elle voit en plissant les yeux comme les vrais voyants ou les prophètes. Kamikaze sans dieu défini, elle s'attaque à tout sauf à l'humanité : « Je ne crache pas sur les gens, » dit-elle. Elle dit aussi : « Je ne connais pas de morts. » Nous qui connaissons beaucoup de morts, nous en apercevons l'empreinte sur ces mains déformées, ces membres tordus, ces visages ravagés de « réseaux » qui ne sont pas des rides mais le spectre de lumières inconnues. Le monde de Neïla est un petit théâtre de grotesques attendrissants ou répugnants, percés à jour et fixés comme des insectes de collection mais qui ne cessent pas de vivre, irrigués de l'émotion de leur créatrice. Au service de cette émotion, une technique simplifiée : crayons de couleurs, éraflures, frottis de gouache, soulignements au feutre, au stylo, sur fond de papier nu reportée sur la toile, salie plus que peinte. Neïla Serrano n'aime pas la virtuosité naturelle de son dessin, virtuosité nécessaire cependant au foisonnement des propositions. D'expo en expo, quelque chose se met en place qui doit moins à la peinture qu'au théâtre, moins à Basquiat qu'à Shakespeare, à cette différence près que Neïla ne peint que son monde, son petit monde, ce qui lui permet d'en rester encore le centre. Dès que l'univers la frappera, elle ne manquera pas d'en restituer l'humanité.
Markus TALMART


Lors du vernissage de son exposition "Songe!...", j'ai discuté avec Neïla et elle m'a dit "tu sais je ne pense pas forcément à quelque chose en particulier quand je travaille, c'est à chacun de penser ce qu'il veut"; ce sont les premiers mots qu'elle répond en tout début de "speech" lorsqu'on lui demande comment elle conçoit son oeuvre.

Cette représentation de son univers réapparaîtra souvent dans son discours, venant signifier une vive atteinte au monde qui l'entoure. C'est en cela que ma rencontre fut très enrichissante. C'est l'immersion dans un autre monde, un monde d'artiste, volage, superficiel mais à la fois très profond...

http://www.neilaserrano.com/

http://www.numerosixgalerie.com/

Photos : Copyright numéro Six Galerie

1 comment:

  1. J'aime beaucoup le tableau qui s'appelle "ennui capillaire". Il me correspond tant !

    ReplyDelete